Meta et le fact-checking : une décision limitée

Le 21/01/2025

Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a confirmé que l'abandon de son programme de fact-checking est actuellement limité aux États-Unis. Si cette décision suscite des controverses, elle reste incompatible avec les exigences européennes comme le DSA.

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Meta : Un repositionnement controversé aux États-Unis

Début janvier 2025, Meta a annoncé une refonte majeure de sa politique de modération. Selon Mark Zuckerberg, l’objectif est de favoriser une liberté d’expression plus large. Notamment via l’introduction de « notes de la communauté », inspirées du modèle de la plateforme X.

Dans une vidéo publiée sur la newsroom de Meta, Zuckerberg a expliqué : « Nous allons remplacer les fact-checkers par des annotations communautaires, en commençant par les États-Unis. » Cette décision marque une rupture avec la collaboration existante entre Meta et des organisations indépendantes chargées de vérifier la véracité des contenus.

Cependant, Nicola Mendelsohn, responsable des activités mondiales de Meta. A tenu à préciser dans un entretien avec Bloomberg : « Pour le moment, cette politique est limitée aux États-Unis. » Une déclaration qui laisse entendre une potentielle extension à d'autres régions dans le futur.

En Europe, des contraintes légales et un engagement renforcé

En Europe, la situation est tout autre. Meta collabore depuis 2016 avec des organismes de presse pour limiter la désinformation sur ses plateformes. Cette approche répond notamment aux exigences du Digital Services Act (DSA), qui impose aux grandes plateformes de lutter activement contre les contenus trompeurs et haineux.

Clara Chappaz, ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, a réaffirmé cette obligation sur X :

« J’ai échangé avec Meta France, qui m’assure que cette nouvelle fonctionnalité ne sera pas déployée en Europe. Le DSA sera respecté. »

En parallèle, Meta a signé un code de conduite européen visant à lutter contre la haine en ligne. Ce texte, intégré au DSA, contraint les plateformes à prendre des mesures pour limiter les discours de haine fondés sur l'origine, la religion ou l'orientation sexuelle. Pourtant, certains points de la nouvelle politique de Meta, comme l'autorisation d'allégations liées à l'orientation sexuelle dans certains contextes, suscitent des interrogations sur sa conformité avec cet engagement.

Meta : Une stratégie testée sur un terrain favorable

L’abandon du fact-checking aux États-Unis s’inscrit dans un contexte sociopolitique marqué par le retour de Donald Trump à la présidence. Ce choix pourrait séduire un électorat sensible à la notion de liberté d’expression sans contrainte.

Toutefois, cette politique soulève des inquiétudes parmi les experts et militants. Ces derniers estiment que le modèle communautaire pourrait amplifier la désinformation en privilégiant une gestion basée sur le consensus des utilisateurs.

Si l'abandon du fact-checking est pour l’instant limité aux États-Unis, Meta teste ici un modèle de modération communautaire controversé. L’extension de cette stratégie en Europe semble compromise par des cadres réglementaires stricts tels que le DSA.

Cependant, le groupe reste évasif sur ses intentions futures. Les mois à venir seront déterminants pour évaluer l’impact de cette initiative et sa possible généralisation. Une chose est sûre : Meta devra jongler entre liberté d’expression et responsabilités légales pour convaincre sur la scène internationale.

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